Changer le monde
Si nous percevons notre environnement comme un monde de souffrance, de manque, d’injustice, où nous sommes tous séparés et n’avons aucun contrôle sur les forces maléfiques qui semblent diriger notre vie et dont nous sommes les victimes, il y a lieu de se demander si cette vision du monde n’est pas celle que nous nous sommes créée. À force de ressasser les drames, les difficultés et les frustrations de notre passé, de vivre dans la peur qu’elles se reproduisent et dans le stress continuel d’une situation de survie où nous nous préparons toujours au pire, nous invitons les scénarios douloureux du passé à se reproduire sans cesse, cela devient une habitude ou une addiction qui empêche tout changement ou toute nouveauté. Les mêmes pensées négatives que nous avons du matin au soir nous font croire à une situation inévitable dont il n’y a aucune issue, et perpétue les conditions de notre vie misérable. Ces pensées et ces croyances toxiques produisent des émotions négatives comme la colère, la rancune, la tristesse, l’inquiétude, la malveillance, le mécontentement, qui ferment notre cœur et nous emprisonnent dans un égocentrisme néfaste. Le stress permanent nous épuise et nous commençons à avoir des problèmes de santé. Ces pensées et ces émotions créent un état d’esprit négatif, qui donne naissance à des paroles et des actions négatives, qui produisent à leur tour encore plus de souffrance, pour nous-même, pour nos proches et pour notre environnement. Le cercle vicieux de la souffrance continue sans rémission, et toutes les tentatives pour y échapper vont dans la mauvaise direction et ne font qu’aggraver la situation. Le présent et le futur deviennent des répliques du passé, en pire. La situation ne nous semble peut-être pas si dramatique, parce qu’elle est devenue une habitude qui nous donne un certain sentiment de sécurité et une image de nous-même, une victime résignée, que nous avons fini par accepter, et peut-être à aimer, et qui a trouvé sa place dans notre environnement quotidien.
Mais on peut aussi décider de changer de monde et de vivre autrement, pour cesser de souffrir. Il ne faut pas détruire notre monde actuel, il faut simplement créer un monde meilleur, et oublier l’ancien, qui deviendra obsolète. Renoncer à notre attachement maladif à notre passé, à ses drames et ses souffrances, et tomber amoureux d’un nouveau monde, un monde de paix, d’harmonie, de joie, de bien-être, d’émerveillement. Pour créer ce nouveau monde, asseyons-nous tranquillement pendant un moment où nous savons que nous ne serons pas dérangé, et commençons par l’imaginer, retrouver les rêves de notre enfance, nos désirs insatisfaits, visualiser notre nouvel environnement, nos nouvelles activités, nos nouvelles relations, les buts que nous aimerions réaliser, et ressentir les nouvelles émotions que cette vision du monde va éveiller en nous. Répétons cette pratique tous les jours, et le plus souvent possible, même si ce n’est que pendant quelques minutes, et petit à petit ce nouveau monde va devenir réel et vivant dans notre esprit et de nouvelles émotions vont se manifester dans notre cœur. Nous sommes alors sur la bonne voie, la victime est en train de se transformer en créateur. Des événements inattendus vont commencer à se produire dans notre vie, des synchronicités, des coïncidences, des imprévus, des petits miracles. Notre nouveau monde commence à se manifester dans la réalité physique, nous sommes en train de nous créer une nouvelle réalité, un nouvel environnement, notre sombre passé se transforme en un lumineux futur, et la joie que nous ressentions lorsque nous le visualisions va devenir de plus en plus intense, notre cœur va commencer à s’ouvrir, nous cessons de nous focaliser sur notre vieux moi séparé, ses manques et comment les satisfaire, nous nous ouvrons aux autres avec lesquels nous nous sentons unis, nous pensons à ce que nous pouvons leur donner, comment nous pouvons les aider et partager avec eux ce que nous vivons, notre joie, notre optimisme, notre transformation. Nous sommes devenu une bénédiction pour notre environnement au lieu d’une cause de tracas et d’apitoiement.
10 décembre 2019, Chiang Mai