Je pense à mon nouveau livre ; j’aimerais écrire quelque chose de plus personnel, sur mes expériences métaphysiques et mes insights*. Bien sûr, je pourrais encore trouver de nombreux sujets et faire un deuxième tome du Guide du bonheur. Mais je préférerais attendre un peu et écrire un livre d’un autre style, entre les deux. Mon distributeur me disait que les libraires n’aiment pas les livres qui contiennent beaucoup de sujets, comme le mien. Est-ce parce qu’ils ne savent pas dans quelle catégorie les classer ? Pour l’instant, j’aimerais laisser parler mon inspiration profonde, le silence, retrouver l’insight qui émerge des jhanas*. Faut-il faire une compilation de mes anciens textes : Notes de Dharma, Journal, Pages* ?

Je pourrais aussi parler de la peinture et des autres aspects de ma vie : revenir à l’art total ; écrire des livres plus autobiographiques, mais dans les aspects spirituels et métaphysiques de ma vie. Il faudrait que je consacre plus de temps à l’écoute de mes expériences subtiles. Pas passer tout mon temps à faire ou à lire, mais plutôt à méditer, contempler, observer. Laisser les choses remonter, se manifester. C’est peut-être pourquoi j’ai moins écrit de petites notes depuis quelques années : je ne leur ai pas donné le temps d’éclore. Ou alors, me remettre à ces Pages : laisser l’inspiration s’exprimer. Elle s’exprime aussi quand je peins ; ou quand je me mets à l’ordinateur pour écrire les chapitres du livre, ou certains mails. Et elle coule quand je parle, donne des cours de Reiki ou des conférences. Mais là, le sujet est cerné et dirigé dans une certaine direction. 

C’est pourquoi j’aimerais donner des satsangs, répondre à des questions, en laissant l’inspiration couler, comme Éric Baret* ou Andrew Cohen, sans sujet prémédité : juste me connecter à la source de la sagesse, de la lumière, de l’omniscience. D’ailleurs, au lieu de parler sans m’arrêter comme j’en ai l’habitude, je devrais intégrer plus de silence dans mes discours, comme Lama Denys à Aix-les-Bains. Sur le moment, je l’ai trouvé un peu trop abstrait, mais c’était pas mal… même si ce ne fut sans doute pas très adapté au lieu et à la circonstance. D’ailleurs, de nombreuses personnes se sont levées et sont parties.

* Insight (anglais) : littér. vision intérieure. Terme utilisé dans le bouddhisme pour désigner la méditation de la sagesse (vipassana, insight meditation), par opposition à la méditation du calme (samatha). Ce mot est couramment utilisé en anglais pour nommer une vision intérieure, révélation, compréhension, intuition profonde, prise de conscience… Comme je n’ai pas trouvé de mot français qui me semblât approprié pour exprimer la véritable connotation d’insight, j’ai préféré garder le mot anglais.

* Jhana (pali ; sanscrit : dhyana) : absorption méditative. Les jhanas sont des états de profonde méditation produits par la concentration. Les enseignements du Bouddha citent huit jhanas – quatre jhanas de la sphère matérielle subtile et quatre jhanas de la sphère immatérielle. Si Ayya Khema insistait beaucoup sur l’importance de la pratique des jhanas, curieusement, ils sont rarement enseignés dans les milieux bouddhistes occidentaux, et même souvent déconseillés.

* Pages : une des tâches de la voie de l’artiste (The Artist’s Way, de Julia Cameron) qui consiste à écrire trois pages par jour. À l’époque où je faisais cette pratique, mon Journal était devenu les Pages.

* Baret (Éric) (né en 1953) : disciple de Jean Klein, Éric Baret enseigne le shivaïsme tantrique du Cachemire. Il est devenu mon principal maître spirituel depuis notre rencontre en 2002.

23 octobre 2002, Chiang Mai