Problèmes de société
Voici quelques réflexions sur l’idée, la croyance, ou le conditionnement, qui prétend qu’on doit être efficace, rentable, qu’on doit travailler, gagner de l’argent, assumer parfois toute seule la survie et l’entretien de sa famille, et en même temps payer des impôts et des charges pour subvenir aux dépenses de la société et de ses assistés. Est-vrai ? Est-ce juste ? Ou doit-on remettre en question cette croyance ?
Ne serait-ce pas les assistés qui ont raison ? Si tout le monde faisait comme eux, est-ce que cela ne provoquerait pas un changement de société ? Tant qu’il y a des bonnes poires qui paient pour les abus, les incohérences et les dysfonctionnements de cette société décadente, il y a peu de chance qu’elle change. Et en attendant, les politiciens et les multinationales se frottent les mains ; pour eux, pourvu que ça dure !
Le problème est que la majorité silencieuse, celle qui travaille, paie des impôts et se fait exploiter, n’a pas le courage de se révolter, car elle a trop peur de perdre ses petits privilèges, ses petites possessions matérielles et son petit confort ; donc, elle continue de voter pour les mêmes dirigeants corrompus et incompétents, et pour le même système politique et économique déréglé et inadapté, afin de maintenir le statu quo ; et elle tolère dans l’indifférence les guerres et la misère du tiers-monde qui lui permettent de maintenir son niveau de vie, même s’il devient de plus en plus précaire.
Ce genre de réflexions sur les problèmes collectifs de la société n’apportent pas de réelles solutions globales. Il faut voir toutefois que de nombreuses choses changent, et que de belles initiatives se mettent en place, même si elles sont souvent ignorées par les médias.
C’est au niveau individuel qu’il faut aborder le problème. Voir ce qu’on peut changer en soi-même, dans sa vie, plutôt que d’attendre que les autres et que la société changent. Et envisager les choses à un niveau plus spirituel que matériel.
Le monde est parfait tel qu’il est, il n’y a pas d’erreurs dans le Plan divin.
Le monde dans lequel nous vivons est celui dont nous avons besoin pour évoluer, pour mûrir. C’est un miroir. Au niveau collectif, il est le reflet du niveau de conscience des hommes et des émotions qui sont dans leur cœur : la haine et l’avidité, au lieu de la bienveillance et de la générosité. Au niveau individuel, tout ce qui nous déplaît ou nous contrarie dans le monde nous révèle clairement ce que nous n’aimons pas en nous, les parties d’ombres qui existent toujours dans notre cœur.
Si les souffrances du monde éveillent en nous peur et colère, c’est que nous avons ces émotions en nous, sinon elles n’éveilleraient en nous qu’amour et compassion pour les êtres qui souffrent et l’aspiration de leur venir en aide. Un médecin ou un thérapeute ne ressent pas de peur ou de colère devant les malaises de son patient, mais les observe avec équanimité et s’efforce de les soulager avec amour et compassion. C’est la même chose pour les misères du monde.
Ceux qui subissent la pression, le stress, sont ceux qui travaillent dans des conditions qui ne leur conviennent pas, qui s’entêtent à vouloir être de bons citoyens, et arrivent à bout de force ; et ils sont de plus en plus malades, physiquement et psychologiquement. Il sont dans un niveau de conscience trop bas pour percevoir la perfection de toute chose, mais sont focalisés sur leurs problèmes personnels et se considèrent comme des victimes.
Leur souffrance est bien réelle et, dans un sens, elle procure du travail à ceux qui donnent des soins. Les soins thérapeutiques et l’art sont des moyens de guérison, pour les individus comme pour la société, et ceux qui les pratiquent sont souvent des sortes de bodhisattvas : ils sont de plus en plus nécessaires dans ces périodes sombres et troublées.
Aider les autres, et apporter de la beauté et de l’harmonie dans le monde, sont aussi de bons moyens pour vivre heureux, malgré les difficultés matérielles, en ayant confiance que la vie nous donnera toujours ce dont nous avons besoin au moment voulu !
En Thaïlande, la vie est plus douce qu’en France. J’ai beaucoup de chance de vivre dans ce pays et je m’en réjouis chaque jour. Peut-être parce que c’est un pays bouddhiste et que l’état d’esprit est différent. Certaines des qualités qui permettent de vivre dans l’harmonie sont très présentes chez les Thaïlandais, par exemple :
- Avoir de la bienveillance vis-à-vis des autres et de l’environnement.
- La générosité et la solidarité.
- La gratitude.
- Sourire.
- Vivre dans le moment présent.
- Savoir rire de ses problèmes et de ses malheurs. Le rire guérit et soulage la douleur.
- Faire son travail consciencieusement et de son mieux, dans la joie et la bonne humeur.
- Aimer ce qui est ; accueillir et accepter ce qui nous échoit dans l’instant : c’est ce dont nous avons besoin.
- Accepter l’impermanence : les hauts et les bas et les changements constants de la vie.
- S’émerveiller devant les beautés de la vie : voir le Divin en toutes choses.
- Comprendre que nous n’avons pas de droits, mais des devoirs. Lorsque nous cessons de réclamer, la vie nous donne toujours ce dont nous avons besoin.
15 janvier 2017, Chiang Mai